Article interdiction molecules

Après avoir annoncé en mars dernier son intention de classer de nouveaux cannabinoïdes sur la liste des stupéfiants, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a utilisé début mai la procédure d’urgence de la Commission Européenne pour présenter son projet d’interdiction de certains cannabinoïdes. Cette interdiction entrera en vigueur le 3 juin.

Cannabinoïdes ciblés par l’ANSM

Dans le détail, l’ANSM souhaitait interdire :

  • H2-CBD ou dihydrocannabidiol
  • H4-CBD ou tétrahydrocannabidiol
  • Toute substance dérivée du noyau benzo[c]chromène, qu’il soit non ou partiellement ou totalement hydrogéné sur le cycle A, substitué ou non à des endroits spécifiques du noyau.

Outre le H2-CBD et le H4-CBD, cette interdiction vise également toutes les variations autour du delta-9-THC, telles que le THCP, THCJD, THCB, THCH, ainsi que les cannabinoïdes de synthèse comme le HHC, HHCO, HHCP et HCCPO. Le HHC avait déjà été mis sur la liste des stupéfiants en juin dernier.

L’ANSM a également inclus le THCa dans sa liste, ce qui suscite des interrogations en raison de sa présence naturelle dans la plante de chanvre et ses produits dérivés comme la farine, l’huile et la paille. Ces produits contiennent parfois du THCa en quantités mesurables sans que ce cannabinoïde n’ait d’effet psychotrope ou addictif.

Raisons de l’interdiction

Cette décision a été motivée par les signalements de consommation de ces substances ayant entraîné des effets graves, tels que perte de connaissance, coma, convulsions, forte anxiété et tachycardie. Ces effets, souvent plus intenses que ceux ressentis lors de la consommation de cannabis, nécessitent parfois une prise en charge urgente des professionnels de santé, surtout avec les cannabinoïdes de synthèse.

Impact sur la vente et la consommation

Les substances désormais interdites sont facilement accessibles sur Internet et dans des boutiques de CBD à Paris et dans les grandes villes, sous forme de résine, d’herbe, de bonbons comme des « gummies », de poudre ou d’e-liquide, à ingérer ou à fumer. Leur dangerosité, difficile à détecter, représente un risque pour les consommateurs.

Cependant, cette interdiction pourrait n’être qu’un coup d’épée dans l’eau. Les autorités sont conscientes que lorsqu’un produit est placé sur la liste des stupéfiants et donc interdit, d’autres sont déjà en train d’être synthétisés. Cela crée un jeu de chat et de la souris entre les régulateurs et les fabricants de ces substances.

Réactions et perspectives

Les différentes parties prenantes comptent déjà attaquer le futur arrêté, comme elles l’avaient fait pour l’interdiction du HHC.

Pour Agnès Laforest-Bruneaux, responsable de l’addictovigilance, définir une structure chimique permet d’englober une famille de substances présentant les mêmes risques pour le consommateur. La vigilance reste néanmoins de mise pour surveiller l’émergence de nouvelles substances.

En conclusion, l’interdiction de ces nouveaux cannabinoïdes par l’ANSM soulève des défis en matière de régulation continue et d’adaptation rapide face à l’innovation incessante dans le domaine des substances psychoactives.

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